Présentation du rapport de la réunion de Niamey 1978 pour les lecteurs du site Bisharat!. Retourner à la page des Documents de base. Voir la version anglaise.


Langues africaines

Documents de la réunion d'experts

sur la transcription et l'harmonization

des langues africaines

Niamey (Niger), 17 - 21 juillet 1978

UNESCO

PREFACE

         Pendant longtemps la transcription a été un problème pour la promotion des langues africaines.

         A l'initiative de chercheurs individuels, d'institutions nationales ou régionale de recherche, d'institutions religieuses et d'organisations internationales, des efforts ont été faits pour, d'une part, fixer la transcription relatives et, d'autre part, pour harmoniser les différentes transcriptions relatives à une même langue ou à une même famille linguistique.

         Parmi les réunions organisées à ce sujet par l'Unesco ou avec son concours il y a lieu de citer celle de Bamako (1966) sur les grandes langues de l'Afrique de l'Ouest, celle de Cotonou (1975) sur "´l'Harmonisation et la normalisation des alphabets de la sous-région comprenant le Ghana, la Haute-Volta, le Niger, le Togo et le Dahomey (Bénin actuel) ; et enfin celle de Niamey qui, en 1978, a tenté de mettre un terme aux tâtonnements, pour ne pas dire à l'anarchie, qui existe dans ce domaine.

         Les experts réunis à Niamey, forts des travaux scientifiques existants et de la pratique (matériel de transcription, claviers spéciaux et production de textes en langues africaines . . . ) ont proposé aux chercheurs individuel aux institutions de recherche et aux responsables politiques appelés à prendre des décisions en la matière un alphabet dénommé "Alphabet africain de référence"(1). Ils ont tenu compte à la fois des critères phonétiques et des problèmes de réalisation graphique ainsi que des caractères déjà utilisés dans les milieux intéressés. Toutes les personnes et institution concernées sont invitées à recourir audit alphabet de référence et, le cas échéant, à suggérer des améliorations. Un tel effort facilitera la coopération en vue de la promotion des langues africaines comme véhicules de culture et instruments d'éducation permanente.

         Afin d'encourager la poursuite des débats sur ce thème et faciliter un échange de vue aussi large que possible entre toutes les personnes intéressées à cet aspect de la promotion des langues africaines, le présent ouvrage présente, en même temps que le Rapport de la réunion et ses documents de travail, les exposés faits par les experts. Ces exposés, qui retracent généralement les expériences réalisées dans chaque pays ou la transcription d'une même langue dans différents pays où elle est parlée, sont présentés par ordre alphabétique des auteurs.

         Ces textes, faut-il le rappeler, ne reflétant pas nécessairement les vues de l'UNESCO, n'engagent que les responsabilités de leurs auteurs.

[NB- Les exposés mentionés ci-dessus ne sont pas présentés sur le site Bisharat.]

PREMIERE PARTIE

Réunion d'experts sur "la transcription et l'harmonisation

des langues africaines" (Niamey, Niger), 17 - 21 juillet 1978

ORDRE DU JOUR ANNOTE

         Cette réunion d'experts est convoquée par le Directeur général, en application de la Résolution no 4.11, paragraphe 4025, adoptée par la dix-neuvième session de la Conférence générale, pour faire le point sur la question de la transcription des langues africaines non seulement dans les systèmes scolaires et dans les programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes, mais également dans la vie des communautés nationales.

         Afin de permettre aux experts de centrer les débats sur le thèmes de la réunion en tenant compte des travaux déjà réalisés, le secrétariat a mis à leur disposition les documents de base préparés à leur intention ainsi que certains documents de références :

Etudes demandées

Ayo BAMGBOSE            On devising, reforming and harmonizing orthography in African languages

H.M. BOT BA NJOCK      La transcription et l'harmonisation de la transcription des langues africaines

Pathé DIAGNE                Transcription et harmonisation des langues africaines au Sénégal

Gérard GALTIER             Problèmes actuels de la transcription du bambara et soninké

Mubanga KASHOKI          Harmonization of African languages: Standardization of orthography in Zambia

J. KALEMA                    Transcription and harmonization of African languages.

Documents joints

FINAL REPORT OF THE MEETING OF GROUPS OF EXPERTS FOR THE UNIFICATION OF ALPHABETS OF NATIONAL LANGUAGES - BAMAKO (Mali), 28 February - 5 March 1966 .

TEN YEAR PLAN FOR THE SYSTEMATIC STUDY OF ORAL TRADITIONS AND THE PROMOTION OF AFRICAN LANGUAGES AS MEDIA OF CULTURE AND AS INSTRUMENTS OF LIFELONG EDUCATION

LANGUES ET POLITIQUES DE LANGUES EN AFRIQUE NOIRE: L'expérience de l'UNESCO (Published by Nubia, Paris 1977)

Extract of the final report on the Regional seminar on the harmonization and standardization of the alphabets of the languages of Ghana, Togo, Upper Volta, Nigeria [sic] and Benin - Cotonou (Benin) 21 - 23 August 1975 (French only).

Final Report of the Yaoundé meeting on Bantu languages, 1970.

I – LES TRANSCRIPTIONS EN COURS DANS LES DIFFERENTS PAYS AFRICAINS

        Chaque participant est appelé à exposer brièvement la (ou les ) transcription (s) en cours dans son pays ou dans les pays qu’il connaît bien. Il relèvera, là où se rencontrent plusieurs transcriptions pour une même langue ou pour des langues apparentées, les bases scientifiques qui auront guidé les choix effectués. Il relèvera aussi les avantages et les inconvénients éventuels de chaque solution adoptée.

II – LA SUITE  RESERVEE PAR LES PAYS INTERESSES AUX RECOMMANDATIONS DES EXPERTS SUR LA STANDARDISATION ET L’UNIFICATION DE LA TRANSCRIPTION DES LANGUES AFRICAINES

         Cette réunion se tient douze ans après celle de Bamako (28 février – 6 mars 1966 ) qui sert de jalon important dans la fixation de l’orthographe des langues africaines. Elle vient en quelque sorte mesurer le chemin parcouru depuis cette rencontre historique qui en a provoqué d’autres au niveau d’une langue, d’un pays ou d’un groupe de pays : Yaoundé, sur les langues bantu 1970  ; la normalisation des alphabets des langues du Ghana, du Togo, de la Haute – volta, du Nigeria et du Bénin – Cotonou (Bénin ), 21 – 23 Août 1975.

         A partir des éléments d'information fournis par les experts, il sera sans doute possible de dresser un tableau indiquant les politiques linguistiques en cours dans toute l'Afrique noire.

III – LES DIFFICULTES TECHNIQUES RENCONTREES DANS L’HARMONISATION DE LA TRANSCRIPTION D’UNE MEME LANGUE OU DE LANGUES COMMUNES A PLUSIEURS PAYS

         Les experts sont invités à dresser un état des divergences relatives à la transcription d’une même langue ou des langues apparentées. Chacun relèvera notamment les variations dans les recommandations faites par les spécialistes de la langue ou des langues ou du groupe de langues qu’il étudie lui-même. Ceci permettra de connaître le travail théorique déjà réalisé sur chaque langue ou groupe de langues et servira de base à une discussion élargie à d’autres spécialistes.

         Il sera également possible de résumer les difficultés techniques rencontrées au niveau de toute l’Afrique noire et de suggérer des solutions pouvant convenir à chaque cas, ou du moins d’isoler les cas pour lesquels plusieurs solutions seraient également acceptables sur le plan scientifique où, pour des raisons pratiques, telle ou telle serait mieux indiquée.

IV – UNE ETUDE COMPARATIVE DES FACTEURS QUI ONT FREINE OU FACILITE L’HARMONISATION

         A partir des situations concrètes qu’ils connaissent, les experts pourraient procéder à une analyse approfondie de l’état actuel de la question. Ils pourraient notamment dégager les facteurs qui ont joué dans un sens ou dans un autre, selon les pays considérés.

         Il faudrait, en particulier , examiner l’interaction des facteurs en présence. Dans certains cas, par exemple, le facteur technique (choix théorique) a freiné le facteur politique ; ou bien les spécialistes ne parviennent pas à proposer des solutions cohérentes en raison des divergences sérieuses au sein des commissions linguistiques créées au plan national, ou bien les solutions proposées sont difficilement acceptables (par exemple : la création de nombreux signes spéciaux avec une modification correspondante du clavier courant entraîne l’augmentation du prix des machines à écrire, la nécessité de former un personnel technique nouveau, etc.).

V – RECOMMANDATIONS

         En partant des résultats atteints dans la discussion des points I à IV de l’ordre du jour, les experts sont invités à faire des suggestions quant aux moyens de résoudre et même de dépasser le problème théorique de la transcription des langues africaines. Ils sont également invités, compte tenu de toutes les recommandations des réunions antérieures, à faire des suggestions concrètes, réalistes et cohérentes, susceptibles de contribuer à la promotion des langues africaines à tous les niveaux de la vie de chaque communauté.

VI – L’ORDRE DU JOUR

1.      Les transcriptions en cours dans les différents pays africains.

2.      La suite réservée par les pays intéressés aux recommandations des experts sur la standardisation et l’unification de la transcription des langues africaines.

3.      Les difficultés techniques rencontrées dans la l’harmonisation de la transcription d’une même langue ou de langues communes à plusieurs pays.

4.      Une étude comparative des facteurs qui ont freiné ou facilité l’harmonisation.


RAPPORT FINAL

         La cérémonie d’ouverture, qui s’est déroulé à l’Assemblée Nationale, a été présidée par M. Assane Boubacar, Secrétaire général du Ministère de l’Education Nationale.

         Prenant la parole le premier, M. Abdou Garba, Secrétaire général de la Commissionner nationale pour l’Unesco, a souhaité la bienvenue aux participants et brièvement rappelé les réunions qui, depuis la rencontre historique de Bamako en 1966, ont traité le problème de la transcription des langues africaines.

         Dans son intervention, M. Augustin Gatera, représentant le Directeur général de l’Unesco, a remercié les autorités nigériennes et le Bureau de l’Organisation de l’unité Africaine pour avoir accepté d’accueillir la réunion. Après avoir signalé le contexte et les objectifs de la réunion, M. Gatera a invité les participants à soumettre au Directeur général, à la fin de leurs travaux, des suggestions concrètes qui permettront de passer à la phase opérationnelle de la promotion des langues africaines, dépassant ainsi le stade des recherches théoriques.

         Dans son allocution, M. Assane Boubacar, Secrétaire général du Ministère de l’Education Nationale a au nom du Ministre et du Gouvernement, souhaité la bienvenue aux participants et exprimé sa gratitude à l’Unesco qui a choisi le Niger pour la tenue de cette importante réunion. Après avoir signalé que le Niger attendait beaucoup de cette rencontre pour ses programmes d’enseignement et d’alphabétisation, M. Assane Boubacar a ajouté que, outre les experts nigériens invités à titre personnel par l’Unesco, il enverrait de nombreux observateurs suivre les travaux de la réunion. Il a alors déclaré officiellement ouverte la réunion.

         Les experts suivants, invités à titre personnel par le Directeur général de l’Unesco, ont participé aux travaux :

                  M. AGBA                                             Centrafrique

                  M. ATIN                                               Côte d’Ivoire

                  Mme BIJELJAC BABIC                         Yougoslavie

                  M. BOT BA NJOCK                              Cameroun

                  M. CISSOKO                                       Guinée-Bissau

                  M. DALBY                                           Grande-Bretagne

                  M. DIAGNE                                          Sénégal

                  M. GALTIER                                         France

                  M. HAZOUME                                      Bénin

                  M. INNE                                               Niger

                  M. INOUA                                            Niger

                  M. KALEMA                                         Ouganda

                  M. KHAMISI                                         Tanzanie

                  Mme KOUNTA                                      Angola

                  M. LAYA                                              Niger

                  M. MADOUGOU                                   Niger

                  M. MEDA                                             Haute-Volta

                  M. NKUSI                                             Rwanda

                  M. NTAHOMBAYE                                Burundi

                  M. SOW                                              France

                  M. TOURE                                           Mali

         Les professeurs G. Ansre (Ghana), Ayo Bamgbose (Nigeria), Pierre Alexandre (France) et Mubanga Kashoki ( Zambie), empêchés d’assister á la réunion, se sont excusés . Les experts suivants n’ont pas répondu á l’invitation du Directeur général :

                  Togo        M. KETEHOULI      

                  Zaïre        Mr. MBULA - MOKO

         M. Lumwamu (Congo) a accepté l’invitation mais n’a pas pu participer aux travaux de la réunion..

         Parmi les organisations invitées à envoyer des observateurs à la réunion, seules les cinq suivantes ont pu se faire représenter:

- Agence de Coopération Culturelle et Technique

- Association des Universités Africaines

- Audecam

- Institut Culturel Africain

- Union des Radios et Télévisions Nationales Africaines

Le Secrétariat de l’Unesco était représenté par M. Augustin Gatera, Division des études de cultures, Paris; M. Roland Schreyer, Division du développement des systèmes de communications, Paris; M. Clifford Fyle, Breda (Dakar) ; Mme Margaret Baugier, Division des études de cultures, Paris.

         La première séance s’ouvre par l’élection du Bureau qui se compose comme suit:

                     Président:                           M. D. LAYA, Directeur du CELTHO (Niger)

                     Vice-Présidents:                  Mme M.C. KOUNTA, Directrice de l’Institut National de Langues (Angola)

                                                               M. A. M. KHAMISI, Director, Institute of Kiswahili Research (Tanzanie)

                     Rapporteur:                         Pr H.M. BOT BA NJOCK (Cameroun)

         Après la réunion du Bureau, la réunion adopte l’ordre du jour provisoire que lui a proposé le Secrétariat de l’Unesco.

POINT 1 DE L’ORDRE DU JOUR

Les transcriptions en cours dans les différents pays Africans

         L’introduction aux débats est donnée par MM. Bot Njock et Galtier qui à la demande de l’Unesco, ont élaboré des documents de travail relatifs à ce point(1)

         (a) Dans son exposé, dont l’essentiel est présenté plus loin, M. Bot Ba Njock présente brièvement les systèmes de transcription en cours au Cameroun et signale les initiatives prises par les autorités camerounaises pour remédier à cet état de choses..

         (b) “Problèmes actuels de la transcription du soninké au Mali et au Sénégal”

         Le Président invite M. Galtier à présenter son texte qui, de même que son exposé introductif, donne lieu à un débat très animé au cours duquel des divergences sérieuses sont apparues quant à la transcription, à l’orthographe et au processus d’harmonisation des différentes dialectes et langues concernés.

         Parlant de la première partie de son document, il explique qu’à l’heure actuelle des alphabets officiels existent dans la plupart des pays où est parlé le mandigue (ou bambara). C’est le degré d’utilisation de ces alphabets qui est différent d’un Etat à un autre.

         Des divergences existent entre ces alphabets ; elles concernent en particulier les symboles suivants : [NB- Il y avait une évidente confusion concernant les caractères dans la composition du document original - ci-dessous on met le caractère voulu présumé entre [ ] ]

tv [ty]  (Guinée, Côte d’Ivoire) / c (Haute-Volta, Mali, Sénégal) / ch (Gambie)

dv [dy]   (Guinée, Côte d’Ivoire)/ i [ j] (Haute-Volta, Mali, Sénégal et Gambie)

n [ñ ?]      (Sénégal) / n [ny ?](Guinée, Côte d’Ivoire, Haute-Volta, Mali, Gambie)

ŋ       (Haute-Volta, Mali, Sénégal)/ nq [ng] (Côte d’Ivoire, Gambie)

? [ɛ]       (Haute-Volta, Côte d’Ivoire)/ e [è] (Guinée, Mali)

ɔ       (Haute-Volta, Côte d’Ivoire)/ o [ò] ou ö (Mali, Guinée)

         L’orateur propose les symboles suivants:

         c, j, ny, ng, è eto [ò].

         En ce qui concerne l’harmonisation des différences dialectales, l’orateur estime qu’il est possible de l’opérer au niveau du mandigue de l’Est (Sénégal oriental, Mali, Haute-Volta, Côte d’Ivoire et Guinée) et d’arriver à une unification de l’orthographe de 90 % des mots. Pour les 10 % qui restent, on pourra prévoir deux formes à option.

         Présentant la deuxième partie de son document, M. Galtier dit qu’il n’y a presque pas de différence entre les transcriptions du Soninké au Mali et au Sénégal. Les seules divergences concernent les signes diacritiques :

         ŋ (Senegal) / nw (Mali)

         ñ  (Senegal) / nv [ny] (Mali)

         Le Sénégal a choisi ŋ etñ pour des raisons d’harmonisation avec les autres langues du pays. Le Mali a choisi nw et nv [ny] pour des raisons de simplicité pratique car on peut considérer ces deux segments comme les suites phonologiques (n + w / et n + y).

         Après cette longue introduction au premier point de l’ordre du jour, les experts interviennent tour à tour pour faire le point sur les transcriptions en cours dans leurs différents pays.

Nota:

         Par commodité et bien que les experts ne représentent pas officiellement leur pays, les interventions sur ce point de l’ordre du jour suivront, dans le présent rapport, l’ordre alphabétique des pays pour lesquels il y a un expert ou un document disponible traitant du sujet.

 

I – LES TRANSCRIPTIONS EN COURS DANS LES DIFFERENTS PAYS AFRICAINS

ANGOLA

         L’Angola vient, comme la Guinée-Bissau, d’accéder à l’indépendance. Il doit donc affronter tous les problèmes qui se posent à lui.

         C’est le décret du 6 avril 1978 qui reconnaît le statut des langues nationales d’Angola, le portugais devenant langue officielle véhiculaire. Ce même décret crée l’Institut National de Langues, dont l’objectif principal est l’étude scientifique des langues nationales, leur codification et leur développement à plusieurs niveaux et branches de la science, ainsi que l’élaboration des méthodes audiovisuelles et la programmation des cours d’enseignement.

Transcription

         Les textes transcrits en Angola ont été l’œuvre des missionnaires, comme c’est le cas dans les autres pays anciennement colonisés d’Afrique.

         L’ étude scientifique actuelle des langues nationales permettra l’élaboration des alphabets et la fixation de l’orthographe en tenant compte des critères de standardisation, d’unification et d’harmonisation à appliquer soit à l’intérieur du pays, soit avec les pays voisins ayant les langues ou familles de langues voisines. Dans une première phase de concertation, on portera l’effort en tenant compte du tableau suivant :

Afrique australe             - Angola )
                                   - Congo  )        kikongo
                                   - Zaire    )

                                   - Angola )
                                                )        tchokwe, lunda
                                   - Zaïre    )

                                   - Angola )       
                                                )        lunda, tchokwe, luvale, and mbunda
                                   - Zambie )

                                   - Angola )
                                                )        kwanyama
                                   - Namibie)

                                   - Angola )
                                   - Cameroun)
                                   - Zambie   )      basaá
                                   - Kenya    )

Problèmes

         C’est dans le cadre de cette première phase que l’Angola prendra connaissance des choix faits, des difficultés rencontrées et des solutions pris dans d’autres pays.

         Dans une deuxième phase, la jeune République tâchera d’ajuster ses positions après réflexions dans la solution des problèmes techniques spécifiques.

         La participation de l’Angola à cette réunion d’experts aura eu l’avantage (comme l’a souligné Mme Kounta, Directrice de l’Institut National de langues de son pays) d’attirer leur “attention sur des problèmes semblables à résoudre dans un futur proche”. L’oratrice a ajouté qu’elle était certaine que ses camarades et elle-même allaient sortir de cette réunion “enrichis par les expériences accumulées et les discussions fructueuses auxquelles tous les participants s’attendent”.

BENIN

Transcription

         Avant août 1975 plusieurs alphabets étaient utilisés au Bénin. Après le séminaire de 21, 22 et 23 août  1975, un seul alphabet est mis sur pied pour la sous-région.

Commission d'unification

         La tâche d’unification incombe à la Commission Nationale de Linguistique chargée en outre de mener les travaux de recherches linguistiques et d’établir l’atlas linguistique du pays.

         L’application de l’alphabet s’effectue sous le contrôle du “Comité alphabétique” sous-régional.

Officialisation de l'alphabet

         Après avoir adopté les conclusions des travaux du séminaire évoqué ci-dessus, le gouvernement béninois a pris un décret qui rend officiel et obligatoire l’alphabet retenu pour la transcription de toutes les langues du pays.

Problèmes

         Ils portent sur deux questions:

         - la notation de la nasale palatale par n [ñ] or nv [ny] ;

         - la représentation de la nasalisation par le tilde (~) ou par la nasale (-n) postposée à la voyelle concernée.

         Un séminaire de contrôle sera organisé à Cotonou en Septembre pour essayer d’apporter une solution à ces problèmes.

BURUNDI

Existence d'une ou plusieurs transcriptions

         Il n’y a qu’une seule transcription pour le kirundi, langue unique et nationale du Burundi, dont le statut est celui de première langue officielle ; le français étant la deuxième langue officielle.

Commission de l'orthographe de la langue

         Une commission composée d’experts nationaux et étrangers est chargées de définir et de fixer l’orthographe de la première langue officielle.

Problèmes

1.       Notation des tones: il y a deux tons (haut et bas) ; seul le ton haut est noté avec un accent aigu sur la voyelle qui le porte.

         Un problème de notation surgit quand on doit représenter à la fois la longueur vocalique et le ton. C’est ici qu’on soulèvera également le problème de la longueur vocalique.

2.       Quantité vocalique: deux systèmes s’opposent :

         a)      redoublement de la voyelle, ce qui évite l'usage de diacritique autre que celui d'un ton haut éventuel sur l'une des voyelles ;

         b)     emploi d'une voyelle unique, dont la longueur est marquée au moyen d'un trait suscrit (macron) devant coexister éventuellement avec un ton montant ou descendant suivant que le ton haut affecte la partie finale ou initiale de la voyelle. C'est cette notation qui respecte l'identité de la langue.

3.      Distinction à établir entre l (qui n'existe pas dans la langue) et r, comme entre p et pf.

4.      Confusion fréquente entre notation phonétique et phonologique.

5.      Segmemtation et séparation des mots : que choisir entre le trait d'union et l'apostrophe ?

6.      La ponctuation, d'une part, et l'usage des majuscules et des minuscules, d'autre part, sont des ponts qui n'ont pas encore retenu toute l'attention des linguistes. L'usage se conforme à la pratique française.

CAMEROUN

Existence d'une ou plusieurs transcriptions

         La plupart des langues écrites (il y en a une quarantaine) connaissent une à trois transcriptions (celle des missionnaires catholiques et/ou protestants, celle des auteurs étrangers, celle préconisée par les réunions de l'Unesco en 1966 et en 1970). C'est par exemple, le cas pour les langues suivantes :

      -  basaa (cette langue est parlée aussi en Angola, en Zambie, peut-être également au Kenya) pour lequel trois systèmes coexistent au Cameroun : catholique, protestant et le système retenu à la réunion de Yaoundé en 1970 pour les langues bantu ;

      -  bulu (langue d'évangélisation des églises protestantes au Cameroun, au Gabon et en Guinée équatoriale), qui connaît aussi les trois systèmes utilisés pour le basaa avec quelques différences mineures ;

      -  duala (dont les locuteurs autochtones camerounais ont des origines communes avec des Gabonais et des Congolais ) pour lequel trois systèmes sont utilisés : chrétien (catholiques et protestants ayant le même système), ceux des auteurs Ittmann et Helmlinger avec des différences mineure entre eux si bien qu'on peut les considérer comme ne formant qu'un seul système, le système de 1970 ;

      -  fulfulde (parlé au Cameroun et au Tchad - pour nous limiter à l'Afrique centrale - même si des auteurs (Lacroix et R.P. Noye ) ont quelques symboles qui leur soient propres), c'est le système de Bamako en 1966 qu'on utilise au Cameroun pour cette langue (cf. Notamment les travaux d'Eldrige Mohammadou) ;

      -  gbaya (parlé au Cameroun et en Centrafrique) connaît un système développé par le Centre de traduction gbaya qui coïncide, à une ou deux exceptions près, avec le système de 1970. Le gbaya du Centrafrique a été décrit par un chercheur (M. Monino) qui a préconisé un système qu'il n'a pas eu l'occasion de tester sur le terrain et qu'on pourra donc appeler "théorique" ;

      -  hawsa (parlé au Cameroun et au Tchad si nous ne tenons compte que de l'Afrique centrale). Comme pour le fulfulde, c'est le système de 1966 qui est en vogue au Cameroun.

Commission chargée d'unifier la transcription

         Une commission scientifique opérant dans le cadre de l'Office National de la Recherche Scientifique et Technique (ONAREST), associant les linguistes de l'Université de Yaoundé et ceux de la Société Internationale de Linguistique (SIL), s'est mise au travail en mars 1978.

Officialisation de l'alphabet et de l'orthographe

         Elle ne pourra intervenir que si les tests sont effectués et si un consensus général se dégage parmi les personnes devant émettre au préalable une opinion autorisée.

Problèmes posés par l'harmonisation de la transcription

         Ils sont de plusieurs ordres :

                  - Scientifique

                  - psycho-sociologique

                  - technique

                  - economique

                  - politique

Un premier rapport, devant être complété par l'adjonction d'un guide pratique (conçu sous forme d'unités indépendantes traitant chacune d'un problème ou groupe de problèmes donné), vient de voir le jour.

         Le Ministère de l'Education Nationale a constitué une commission chargée d'étudier le problème de l'introduction des langues camerounaises à l'école. Cette heureuse initiative gouvernementale intervient en juin 1978 au moment où le CE-RE-L-TRA met la dernière main à un document de travail portant sur le même objet et ce, à la demande d'un autre centre de l'Institut des Sciences Humaines, le Centre National d'Education (CNE)..

         Le gouvernement réunira donc ainsi tous les atouts qui lui permettront de se prononcer avec sérénité sur sa politique linguistique.

COTE D'IVOIRE

Transcription

         Avant que l'Institut de Linguistique Appliquée n'entreprenne d'unifier l'orthographe des langues nationales, il y avait en Côte d'Ivoire des alphabets divers utilisés par les missions catholiques et protestantes.

Unification

         Dans le cadre de ses attributions, la loi sur la réforme de l'enseignement en Côte d'Ivoire (août 1977) confie à l'Institut de L'linguistique Appliquée la tâche de proposer une orthographe unifiée des langues nationales.

         L'alphabet proposé par l'Institut ne diffère de celui de Bamako (1966) que sur trois graphèmes : ? [marque illisible - la version anglaise a: ɔ ], ɛ, et ŋ, à la place de deux retenus à Bamako.

Problèmes

         Ils résultent des divergences dans la notation des voyelles et de la nasale. Avec les pays qui ont adopté le système de Bamako, il conviendrait de se concerter.

         Pour la  Côte d'Ivoire, la notation retenue tient compte des analyses phonologiques d'une soixante de langues nationales. Même si cet alphabet tient compte de ceux des grandes langues africaines, il se veut avant tout un alphabet national, économique et pratique.

         Enfin, cet alphabet a l'avantage (ou l'inconvénient) de n'être pas encore adopté officiellement. Ainsi, les divergences avec le Mali pourraient facilement être aplanies, au moins sur la base de correspondances établies.

REPUBLIQUE CENTRAFRIQUE

Transcription

         Le sango est, à l'heure actuelle, la seule langue officielle nationale et, à ce titre, ne connaît qu'un seul système de transcription.

Commission

         En 1966, une Commission nationale était chargée de fixer l'alphabet sango avec le concours du linguiste Luc Bouquiaux.

         Actuellement, l'Institut Pédagogique est chargé d'appliquer, au niveau de l'alphabétisation des adultes et de l'enseignement primaire, l'alphabet fixé en 1966.

Problèmes

         Deux problèmes se posent actuellement :

         Le premier est d'ordre pédagogique. Il s'agit de savoir s'il est opportun d'apprendre aux élèves des écoles primaire qui étudient simultanément le français et le sango la notation des tons pour le sango alors que le français ne les a pas.

         Le second est d'ordre technique. En 1966, l'alphabet sango prévoyait pour la transcription des deux voyelles ouvertes (ɔ et ? [ɛ]) l'usage des diacritiques (le tréma sur chacune des voyelles pour marquer l'ouverture) Aujourd'hui, pour les mêmes unités, on nous propose des symboles spéciaux si nous les adoptons maintenant, ne va-t-on pas nous proposer une autre notation demain?

         Nous avons bon espoir cependant que nous trouverons une solution satisfaisante à ces deux problèmes.

GUINEE-BISSAU

         A l'heure actuelle, la Guinée-Bissau est confrontée à plusieurs problèmes dont les solutions sont encore à l'état embryonnaire. Les études linguistiques en général et celles des langues nationales en particulier n'échappent pas à cette constatation.

         Les sources de "référence" sont les maigres travaux laissés par les administrateurs coloniaux ou ceux des chercheurs comme W.A.A. Wilson (A volta linguisticana Guinée, BCGP, 1959), A. Carreira (Alguns aspectos da influencia da lingua mandinga na padjadinca, BCGPC, 1963).

         Les transcriptions utilisées ne sont d'aucune rigueur scientifique. Un séminaire tenu récemment sous l'égide du Conseil National de la Culture (CNC), avec l'aide du CLAD de Dakar, regroupait une trentaine de participants comportant notamment des éléments du Département de l'Alphabétisation (CEEN) et ceux du Centre de  Formation et de Recyclage des Enseignants (CO). Ils ont été initiés à l'étude et à la transcription des langues guinéennes. La complexité de l'origine des sociétés de ce pays a conduit les organisateurs à les étudier simultanément sur les plans historique et linguistique.

         Avant de procéder au choix et à la transcription de quelques langues (prioritaires), il a fallu préparer un document scientifique portant sur quatre points essentiels:

         1.     Problématique de l'origine des sociétés guinéennes (Bissau).

         2.     Processus historique de la désintégration des sociétés et apparition des groupes intermédiaires.

         3.     Situation et classification des langues locales ; leur transcription et leur harmonisation.

         4.     Problématique du choix et de l'introduction d'une ou plusieurs langues (majoritaires ou minoritaires ) dans l'enseignement.

         La Guinée-Bissau compte 30 groupes ethniques ayant chacun sa propre langue, dont la plupart sont parlées au Sénégal, en Guinée Conakry et en Gambie. Il s'agit du mandingue, du mandjaku, du fula , du nalu, du diula, du koniagi, du balante, du mankanye, du sarakolé, du susu, du créole, etc.

         La Guinée-Bissau se prépare à mener des actions ponctuelles. Une concertation avec ses voisins de la sous-région (Sénégal, Guinée, Côte d'Ivoire, Mali) lui permettrait de livrer une partie des travaux déjà accomplis dans ces pays et d'aboutir à l'adoption et à l'harmonisation des systèmes de transcription et d'orthographe.

HAUTE-VOLTA

Transcription        

         Le pays compte une soixantaine de parlers entrant dans trois grands groupes linguistiques (voltaïque, mandé et fulfulde). Jusqu'en 1969 coexistent de nombreuses transcriptions, celles des missionnaires notamment.

Commission

         Le décret présidentiel de janvier 1969 crée la Commission Nationale des Langues Voltaïque (CNLV) et a pour but de :

         - revaloriser les langues nationales ;

         - susciter, promouvoir et coordonner les études sur les langues nationales;

         - statuer sur les systèmes de transcription.

Officialisation

         Avec la création, en 1974, de l'Office National de l'Education Nationale et de l'Alphabétisation Fonctionnelle et Sélective (ONEPAPS) chargé de l'alphabétisation des adultes, des divergences apparaissent pour la transcription des langues au niveau même du Programme National d'Alphabétisation (PNA).

         Un séminaire réuni en 1976 a procédé à l'harmonisation des transcriptions de toutes les langues de Haute-Volta. Un alphabet national harmonisé est adopté, un comité technique national composé des linguistes et des utilisateurs du terrain veillera à la qualité des publications ainsi qu'a l'application des dispositions du décret sur l'alphabet national harmonisé. Ce décret sera signé dès que le prochain gouvernement sera formé.

Problèmes

         Ils sont mineurs. On signalera seulement la notation de la nasalité vocalique par Vn pour le diula, le bwamu, le gulimancena et le fulfulde, dont la structure est CV. Pour les autres langues, dont la structure est CVn, la nasalité vocalique est notée V.

MALI

Transcription

         Elle est conforme à l'alphabet adopté par la réunion de Bamako de 1966 concernant les quatre langues principales:

         - manding ou bambara;

         - fulfulde ou peul;

         - songhaï;

         - tamasheq.

Des recherches se font simultanément sur d'autres langues non moins importantes :

         - soninké (travaux avancé avec textes, lexique)

         - boré

         - minianka    )
                             )      missions d'enquête et d'information sur le terrain
         - sénufo        )

         - Dogou [Dogon] ((travaux avancés : lexique))

Officialisation

         L'alphabet de 1966 est rendu officiel par décret no 85/PG du 26 mai 1967 pour les quatre langues principales citées plus haut.

         En 1972, un journal rural (Kibaru), conforme à cet alphabet, voit le jour. Des stages d'alphabétisation, comme le journal, contribuant à la fixation de l'alphabet.

Harmonisation

         La Direction Nationale de l'Alphabétisation Fonctionnelle et de la Linguistique Appliquée (Dnafla) est créée en 1975.

         C'est en son sein que fonctionne la Division (1) de la Recherche Linguistique et Pédagogique (DRLP) chargée de toutes les recherches sur les langues nationales.

         Des propositions ont été faites dans le but d'uniformiser l'alphabet et l'orthographe du bambara.

         Des réunions (deux fois par semaine pour les unité, une fois par semaine pour les sections et une fois par mois pour les divisions) se tiennent périodiquement pour des tâches administratives et scientifiques.

NIGER

         Par rapport à l'ensemble des pays d'Afrique, l'hétérogénéité linguistique n'est pas très prononcée au Niger.

         On y compte, en effet, huit langues au total, dont cinq principales :        

         - le hawsa;

         - le fulfulde

         - le songhaï

         - le tamasheq

         - le kanuri

         Three other languages are spoken by minorities:

         - le tubu

         - le gurmance

         - l'arabe

Transcription

         C'est en 1963 que les langues nigériennes sont introduites dans les programmes d'alphabétisation.

         La transcription utilisée est celle de Bamako (1966).

Problèmes rencontrés

         Ils se situent notamment au niveau de l'orthographe. On espère que les discussions de la présente réunion permettront de résoudre ces problèmes orthographiques.

         Il convient de signaler qu'un groupe de recherche et de réflexion sur les langues nationales, crée depuis un an, se penche sur l'ensemble des problèmes linguistique nationaux.

OUGANDA

         Six langues ou groupes de langues sont reconnus à des fins éducatives. Ce sont le luganda, le runyoro/rutooro, le runyankore/rukiga, le lugbara, l'ateso/akarimojong et le luro (fait d'éléments du lango, de l'acholi et de l'alur). Ces langues ont adopté l'alphabet africain "Africa" dès 1946 et, en particulier dans le groupe des langue bantu., il existe une longue tradition de publications dans cet alphabet.

Problèmes

         Il n'existe aucune orthographe normalisée satisfaisante pour les locuteurs du luro, du lugbara et de l'ateso/akarimojong, toutes ces langues étant transcrites selon deux systèmes orthographiques différents et co-existants, fondés sur des motifs religieux.

         La question de la coupure des mots pose de sérieux problèmes d'écriture pour toutes les langues bantu de l'Ouganda.

         Une importance excessive est encore accordée à l'anglais. En fait, les médias d'instructions se sont rapidement européanisés depuis l'indépendance, ce qui a gêné les efforts entrepris pour résoudre les problèmes d'orthographes des langues ougandaises, ainsi que la promotion générale des langues ougandaises.

Réformes

         Within each group of languages, there is urgent need to harmonize as well as to review existing practices.

RWANDA

Transcription

         Ce sont les missionnaires qui, au début de ce siècle, ont posé les jalons de l’écriture actuelle du kinyarwanda.

         Sauf sur quelques points de détail, les linguistes eux-mêmes estiment que cette transcription est bonne.

Problèmes

         Les réformes successives de transcription de cette langue tendent à l’uniformiser, notamment en ce qui concerne les ponts suivants :

- les nasales et leurs harmoniques

ex :    mf or nv

         mp or mh

- les élisions dues aux coupure morpho-syntaxiques

ex :   mots composés

        locatifs, indices

- la ponctuation pour mieux rendre les textes en oralité (intonation)

- les variantes régionales : problème de la norme

- la tonalité et la quantité dont la pertinence et les modalités de notation jouent un rôle important dans la langue.

Réforme        

         La réflexion sur la réforme de l’orthographe s’inscrit dans l’effort de revendication de l’enseignement. Le Ministère de l’Education Nationale a à cet effet, réuni en mars 1971, une Commission sur la réforme de l’orthographe.

         Ce effort de réflexion et de recherche se poursuit au Bureau pédagogique (section kinyarwanda), à l’Université, à l’Institut National de la Recherche Scientifique, etc. Pour la réussite de cette réforme, il faudra naturellement associer les concepteurs (linguistes, pédagogues) aux utilisateurs, pour le plus grand bien du kinyarwanda et du pays.

SENEGAL

Transcription

         Les langues du Sénégal ont connu plusieurs systèmes de transcription : ceux des missions (protestante, catholique), celui des arabisants et des systèmes indigènes. Ces deux derniers types sont acceptés aujourd’hui.

Commission

         Une commission, présidée par le Chef de l’Etat sénégalais, étudie l’ensemble des problèmes relatifs aux langues du pays.

Officialisation

         Six langues ont le statut de langues officielles : soninké, pular, mandingue, wolof, serer. [NB- la sixième étant le français?]

         Un décret officialise l'alphabet et la transcription de ces six langues tandis qu'un projet (de décret) prévoit l'utilisation de ces langues dans les écoles.

Problèmes

         Le problème majeur qui se pose du point de vue du chercheur ou de l’observateur quelque peu éclairé, c’est la tendance à décalquer la graphie des langues sénégalaises sur le français (langue officielle).

         Cela pose, sans les résoudre, les problèmes sur une écriture autonome, cohérente et pédagogiquement valable.

         Si l’alphabet de Bamako, sur le plan extérieur, a été reconnu, la segmentation retenue par cette réunion n’a pas été acceptée.

         La notation tonale n’est pas encore dans les mœurs.

TANZANIA

Transcription

         Avant le XIXe siècle : l’alphabet arabe est utilisé pour le swahili.

         Au XIXe siècle : utilisation de l’alphabet latin pour plusieurs langues tanzaniennes, y compris le swahili.

         De 1930 à nos jours, l’alphabet latin est standardisé par la Commission inter territoriale de langues (cf. ouvrage de Melle E.O. Ashton en 1944 sur le swahili)..

Institutions

- Conseil national du kiswahili (Ministère de la culture Nationale et de la jeunesse)        

- Institut de recherche sur le kiswahili (Université de Dar es-Salaam)

- Institut d’éducation (Ministère d’Education Nationale).

- Département de kiswahili (Université de Dar es-Salaam).

Officialisation of the alphabet

         - voyelles : a, e, i, o, u.

         - consonnes : b, ch, d, dh, f, g, gh, h, j, k, kh, l, m, n, ny, ng', p, r, s, sh, t, th, v, w, y, z

         Les diagraphes ont été préférés aux symboles spéciaux et sont utilisés jusqu'au présent.

Problèmes

         - Longueur vocalique mal notée (ou non notée), sauf en position finale,
         ex : saa

         - Segmentation des mots restant inadéquate à cause des habitudes linguistiques étrangères.

         Exemple : ye yote / yeyote
                  huyu huyu / huyuhuyu
                  mbali mbali / mbalimbali

         Transcription des autres langues tanzaniennes et établissement d’un alphabet officiel sont encore des problèmes non pris en considération

         On peut espérer que les résultats de la présente réunion seront sans doute pris en considération.

ZAIRE (1)

         On parle souvent de damier ou de mosaïque lorsqu’on veut montrer la carte linguistique du Zaïre et la complexité de ses langues tant bantu que non bantu. On n’en connaît pas encore le nombre exact. Certains auteurs parlent de 250 langues. D’autres estiment que ce chiffre déjà très considérable serait néanmoins inférieur à la réalité.

Transcription

         On rencontre au Zaïre la pratique de plusieurs systèmes de transcription, inspiré tous de l’alphabet latin.

         Ceux qui remontent au-delà de 1960 et qui surtout employé dans le contexte confessionnel et scolaire ne faisaient pas appel à des signes linguistiques particuliers

         Leur usage serait encore d’actualité. On le décèle notamment dans la correspondance privée, dans la chanson zaïroise, dans d’anciens manuels scolaires, dans des revues et périodiques et dans des textes administratifs, juridiques et religieux. Ceux qui sont récents et qui datent surtout d’après 1960 intègrent des signes spécifiques et diacritiques. Ils sont plus phonétiques que les précédents mais moins répandus.

         Leur usage se limite surtout dans le contexte scolaire et dans des travaux plus ou moins spécialisés.

         Le système le plus récent (1974) et qui officieusement est admis est l’œuvre des linguistes du Zaïre.

Institution

         Il n’y a pas eu jusqu’à présent de décret officiel fixant soit un alphabet unique, soit un alphabet de référence pour la transcription des langues zaïroises.

         L’Etat zaïrois favorise cependant l’expansion de quatre langues nationales, à savoir le lingala, le ciluba, le kikongo et kiswahili ; le français étant la langue officielle de l’administration et de l’enseignement.

         A cette fin, il a, d’une part, inscrit des émissions dans ces quatre langues au programme de la radio et de la télévision.

         Il a, d’autre part, accordé son aide aux organismes et centres d’études qui ont pour objectif l’étude et l’enseignement des langues nationales (ex. la Société des linguistes du Zaïre et le Celata).

         Il en résulte que des syllabaires destinés aux écoles des deux premières années primaires ont été élaborés dans ces quatre langues suivant le système proposé par les linguistes du Zaïre (cf. la communication de M. Kalema).

         On constate, par comparaison, que les linguistes du Zaïre ont eu le souci de simplifier et d’harmoniser les systèmes de transcription en usage.

Problèmes

         Il n’y a pas de problèmes majeures au niveau technique, vu la simplicité du système proposé. S’il y a des problèmes, ceux-ci seraient d’ordre psychologique, pédagogique et financier.

ZAMBIE (1)

Transcription

         Sept commissions travaillent séparément sur la standardisation des sept langues officiellement approuvées en Zambie. Il s’agit du bemba, du kaonda, du lozi, du lunda, du luwale, du nyanja et du tonga.

         Quatre de ces langues (bemba, lozi, nyanja et tonga) sont enseignées dans le secondaire.

Problèmes

         - Distinction entre voyelle longue et voyelle brève (faut-il noter deux voyelles ou une seule pour établir cette différence de longueur ?).

         - Convient-il d’utiliser les diagraphes pour représenter les consonnes pour lesquelles on ne peut faire correspondre une lettre unique de l’alphabet latin?

         - Les commissions ont tendance à ne pas accepter de modifier l’alphabet utilisé pour l’anglais (leur équation).

         - Malheureusement fausse et posée de la manière suivante :
         modifier l’orthographe d’une langue – perdre l’identité de cette langue.

         En dépit de touts ces obstacles, un document très important est sorti. Les tons ne sont pas notés.

 

POINT 2 DE L’ORDRE DU JOUR

         La suite réservée par les pays intéressés aux recommandations des experts sur la standardisation et l’unification de la transcription des langues africaines.

         En examinant ce point, les experts avaient en vue les réunions de Bamako (1966), de Yaoundé (1970) et de Cotonou (1975).

         Il ressort des différentes interventions que, des pays concernés par les recommandations des experts, certains ont suivi totalement ou partiellement les propositions des experts, tandis que d’autres ne les ont pas suivies.

         On a noté que les uns et autres ont obéi à des contingences nationales (1).

         Dans la mesure où les discussions sur le point 1 de l’ordre du jour avaient également répondu aux problèmes soulevés sur ce point, les experts ont estimé que le sujet était épuisé.

POINTS 3 ET 4 DE L’ORDRE DU JOUR

         - Les difficultés techniques rencontrées dans l’harmonisation de la transcription d’une même langue ou de langues communes à plusieurs pays.

         - Une étude comparative des facteurs qui ont freiné ou facilité l’harmonisation des langues africaines.

         En introduisant son texte, M. Dalby fait appel aux principes suivants, c’est-à- dire la nécessité de :

         1. éliminer ou circonscrire les particularités orthographiques propres à chaque langue africaine et autant que possible celles existant entre langues différentes ;

         2. se conforme aux règles d’orthographe arrêtées par les gouvernements ;

         3. utiliser les travaux scientifiques des linguistes à des fins pratiques ; alphabétisation, harmonisation des langues africaines, par exemple ;

         4. encourager l’établissement d’orthographes pratiques pour les langues africaines d’extension restreinte ;

         5. publier les textes selon l’orthographe officielle dans les domaines de la culture, de la littérature et de l’éducation. M. Dalby a fait remarquer que l’Institut Africain International (IAI) à travers son Conseil exécutif (avec une majorité de membre africains) et à travers ses chercheurs (en majorité africains) poursuit ces mêmes buts. C’est ainsi que le système d’orthographe internationale proposé à Niamey par l’IAI est conforme au principe d’un “son, un signe”. Le système proposé cherche à présenter sous forme d’un tableau de référence une série de caractère uniques pour les sons uniques montrant l’équivalence de ses signes avec d’autres signes (diacritiques et diagraphes) employés à présent en Afrique. Ce tableau de référence se veut descriptif et pratique et non prescription ou théorique. Elle présente suffisamment de signes pour transcrire la grande majorité de langues africaines, y compris l’arabe. M. Dalby a exprimé le vœu que l’établissement d’un tel système orthographique de référence, amélioré le cas échéant par les discussions de Niamey, puisse faciliter l’harmonisation des orthographes des langues africaines. Il fait noter que les signes orthographiques introduits par l’IAI en 1928-1930 ont reçu de plus en plus de soutien avec le temps. Ainsi la réunion de Bamako (1966) a recommandé les lettres crossées pour la transcription du peul et du hawsa dans les pays francophones. La réunion de Conakry (1975) a recommandé les signes ɛ et ɔ pour le diula, par exemple.

         La réunion prend également acte de l’alphabet harmonisé relatif à la transcription des noms africains en arabe proposé par la réunion d’experts sur “les ethnonymes et toponymes” organisée par l’Unesco du 3 au 7 juillet 1978 dans le cadre de la préparation de l’Histoire générale de l’Afrique.

         Au cours des débats, des collègues ont fait des suggestions dans le but de voir dans quelle mesure des symboles provenant des alphabets africains pourraient un jour aider à améliorer l’alphabet général de référence adopté par les experts réunis à Niamey. Ces améliorations concernaient :

         - les symboles latins déformés

         - les diagraphes qu’on n’accepte pas d’utiliser.

Sans opter ni pour ni contre cette proposition, les participants en ont, dans un esprit d’ouverture scientifique, pris acte.

         En conclusion, M. Dalby a observé que la transcription des langues européennes est restée confuse pendant plus de mille ans à la suite de l’imposition coloniale et, plus tard, ecclésiastique de l’alphabet romain, pourvu de lettres relativement peu nombreuses. Il a exprimé l’espoir que l’Afrique pourra échapper aux effets de la même colonisation orthographique en établissant un alphabet propre à ses langues.

         Une discussion très enrichissante a suivi cet exposé et l’on est tombé d’accord pour confier l’étude approfondie de ce problème à la sous-commission de l’alphabet et de l’orthographe.

         La réunion a étudié les implications que représente la reproduction technique des caractères requis par les langues africaines. Des dispositions devraient être prises pour augmenter la qualité et la quantité de matériel imprimé en recherche et des formules adaptées au contexte africain de l’édition.

         Au terme des discussions portant sur les quatre premiers points de l’ordre du jour, M. A.I Sow lit un avant – projet d’un document qui est fort apprécié et considéré à juste titre comme une déclaration de principe avant la constitution des commissions.

         Trois sous-commissions sont constituées et se réuniront dès 16 heures. Il s’agit de :

         1.     Sous-commission des alphabets et des orthographes

                  Ibrahim A. MUKOSHY - président

                  P. NTAHOMBAYE et David DALBY - rapporteurs

         2.     Sous-commission de coordination pour groupes de langues

                  Kouassi ATIN - président

                  MM. HAZOUME et TOURE - rapporteurs

         3.     Sous-commission des recommandations

                  Mme. KOUNTA -  présidente

                  M. ALPHA I. SOW - rapporteur

         En ouvrant les débats, le président informe les participants que seul le texte de la sous – commission des recommandations est disponible. Après un large échange de vues sur l’opportunité de commencer les débats avec ce seul document qui, logiquement, devrait venir en dernier lieu, un participant suggère – compte tenu du fait notamment que la présidente de la sous commission 3 devait partir dans quelques heures – que les présidents de chaque commission exposent brièvement le résultat de leurs travaux. Les participants acceptent cette suggestion et émettent, à l’invitation du président, des observations de caractère général sur les exposés relatifs aux rapports des sous commissions 1 et 2 en attendant d’y revenir au moment où les textes des deux sous commissions seront disponibles. En revanche, des discussions approfondies s’engagent sur le rapport de la sous commission 3.

         Avant de se séparer, les participants acceptent la suggestion de créer une commission chargée de faire la systhèse des rapports des trois sous commissions. MM. K. Atin, A. I. Sow, M. Touré et Mme Thomas ont accepté de constituer cette commission.

         Au cours de la dernière séance, les réunions examinent respectivement avant de les approuver : le rapport de la commission de synthèse et le rapport final.

         La cérémonie de clôture de la réunion est présidée par M. Assane Boubacar, Secrétaire général du Ministère de l’Education Nationale.

 

POINT 5 DE L’ORDRE DU JOUR

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

I - INTRODUCTION

1.       L'Afrique Noire d'aujourd'hui se trouve confrontée avec le défi de la modernité. Pour y faire face avec le maximum d'efficacité, chaque chercheur devra, dans sa spécialité, reposer les problèmes en inscrivant le débat dans le cadre des aspirations réelles des peuples.

2.       A cet effet, nous estimons nécessaire que les ressources de la science linguistique universelle et de la technologie de pointe des sociétés industrielles soient mises au service de l'initiative consciente et organisée des Africains. Ainsi seront élaborés, dans un laps de temps très court, les instruments les plus appropriés d'une éducation de masse en vue d'un développement harmonieux de leurs sociétés.

3.       Néanmoins, nous avons constaté que, depuis plus d'une décennie, des réunions régionales et sous régionales d'experts sont tenues avec l'aide de l'Unesco et formulent des propositions rationnelles et motivées que certains remettent périodiquement en cause au nom de considérations généralement contestables. De telles attitudes subjectives occultent l'enjeu d'une œuvre de longue haleine dont l'aboutissement engage l'avenir de millions d'Africains.

4.       Nous confirmons notre adhésion aux observations méthodologiques et aux propositions pratiques déjà formulées par les réunions de Bamako (1966),  Yaoundé (1970) et Cotonou (1975) : l'alphabet présenté dans ce rapport en est la preuve. Nous en proposons l'adoption par les Etats africains concernés ainsi que par les différents spécialistes qui travaillent sur les langues africaines.

5.       Nous recommandons aux Etats, aux institutions et aux chercheurs qui ont une certaine tradition d'écriture de langues africaines de respecter les propositions formulées à l'occasion de ces réunions d'harmonisation. Ceci est d'autant plus justifié que le nombre d'alphabétisés et de scolarisés en langues africaines n'a encore atteint, dans aucun pays d'Afrique Noire, un niveau irréversible qui motiverait le non respect des modifications nécessaires en vue d'une harmonisation raisonnable.

         Le but poursuivi en l'occurrence est de permettre que tous les sons significatifs de toutes les langues d'un même espace politique et culturel soient symbolisés de la même façon, c'est à dire que l'on retienne un signe unique pour

         a) les phonèmes identiques des langues d'un même Etat ;

         b) les phonèmes d'une langue parlée dans une même aire linguistique.

6.       Ainsi l'harmonisation contribuera à réformer l'usage actuel afin que tout Africain puisse aisément passer du système graphique de sa langue à l'intérieur du même Etat et du même espace culturel.

II - ALPHABET AFRICAIN DE REFERENCE

7.       En conséquence, toute proposition d'alphabet devra découler d'une description phonologique rigoureuse de la langue à écrire, ainsi que de son environnement dialectal. Elle devra également reposer sur une analyse de la situation linguistique du pays où cette langue est parlée et donner naissance à une planification cohérente fondée sur une théorie scientifiquement établie.

8.       Ces considérations nous amènent à l'alphabet africain de référence ainsi codifié et harmonisé :

         i)      Tableau alphabétique (cf. annexe)

                 Cet alphabet africain doit être considéré comme un alphabet de référence, établi selon les principes méthodologiques suivants:

              -          un son, un signe: le symbole retenu doit être unique et propre au son considéré et à lui seul ;

              -          clarté et simplicité:
              le diagraphe ne constitue pas une solution satisfaisante. Nous ne l’avons retenu que dans des cas exceptionnels et nécessaires ;
              les diacritiques ont été réduits au strict minimum, l’expérience montrant qu’ils sont très souvent omis ou négligés dans la manuscrits. Par ailleurs, il est prouvé que leur multiplicité dans un texte en complique la lecture.

         ii)     Commentairs

                  Afin de faciliter l’adoption de ce code de référence alphabétique à certaines langues particulières, nous l’avons assorti des commentaires suivants :

                  a)      Voyelles

                  -          La nasalisation, de préférence, est représentée par la voyelle n postposé (Vn). Le recours au tilde suscrit (Ṽ) ne se justifie que si la structure syllabique ne permet pas l’utilisation du n postposé.

                  -          Le ton, s’il doit être marqué, est représenté par (´) pour le ton haut, (`) pour le ton bas, (^) pour le ton modulé descendant, (   ̌) pour le ton modulé montant. Le ton moyen sera marqué par un trait suscrit ().

                  -          La longueur, de préférence, est représentée par le redoublement de la voyelle. En cas d’ambiguïté, l’utilisation d’un signe différent sera retenue au niveau de langue considérée, pour symboliser l’allongement vocalique et résoudre la difficulté.

                  -          Les diphtongues sont représentées par la voyelle + w/y (Vw/Vy) ou par w/y + la voyelle (wV/yV), sauf lorsque l’analyse phonologique l’interdit.

                  -          Les voyelles aspirées sont représentées par la voyelle –h (Vh).

                  -          Les voyelles centrales non représentées par les signes retenus pourront être symbolisées par la voyelle correspondante avec le tréma suscrit (v¨).

                  b)     Consonnes

                   -          L’aspiration est représentée par h.

                   -          La palatalisation est représentée par y.

                   -          La labialisation est représentée par w.

                   -          La gémination est représentée par le redoublement de la consonne.

                   -          La pré nasalisation (nasale syllabique ou nasale préposée) est représentée par m/n/ŋ + la consonne.

                   -          Des diagraphes ont été recommandés pour les labio-vélaires /kp/ et /gb, les latérales/ hl / et /dl/, les pré nasalisés, les affriquées et les phonèmes latéraux, moins fréquents, par exemple, /dz/pf/ɣl/sl/tl/xl/... Dans certaines langues africaines qui ne connaissent pas le phénomène d’aspiration phonémique, des diagraphes pourront être établis avec /h/: /dh/ for (ʒ)?, /th/ for (θ), /gh/ for (ɣ), /sh/ for (ʃ).

                   -          Les diacritiques seront également réduits au minimum. Dans l’alphabet de référence, ils se présentent sous deux formes, à savoir, un trait souscrit pour les clics (qui peut être omis dans la plupart des langues concernés) et un point souscrit pour les emphatiques comme dans l’arabe.

         iii)     Segmentation

9.       La segmentation doit reposer sur les réalités phonologiques, morphologiques et syntaxiques de chaque langue.

10.     Nous recommandons, dans ce domaine, d’éviter de plaquer aux langues africaines la segmentation des langues étrangères.

11.     Nous recommandons, en outre, l’harmonisation des principes de segmentation pour les langues d’une même aire linguistique.

III -CO-ORDINATION ET COOPERATION

12.     Pour mieux assurer la coordination des efforts déployés par les Etats et les organismes internationaux en faveur des langues africaines, il importe de définir clairement les différents cadres dans lesquels la coopération bilatérale et internationale pourra s’exercer le plus efficacement possible. Nous en proposons deux sortes pour recueillir toutes les actions de transcription et d’harmonisation des langues et groupes de langues.

13.     Cadres géographiques et linguistiques

                  A.      Les langues interafricaines        

                  a)      Intérêt de ces langues

                   -        Elles favorisent le développement des relations interafricaines et contribuent ainsi au renforcement de l’unité africaine.

                   -        Elles servent de langues pilotes pour toutes les autres langues du même groupe linguistique ou de la même zone géographique dans la mesure où les solutions adoptées pour ces langues peuvent être valables dans le cas des autres langues moins répandues.

                   -        Enfin, elles peuvent facilement bénéficier de l’appui des organismes internationaux dans le cadre des projets régionaux.

                  b)     Critères possible de définition des langues interafricaines

                   -        Etre communes à plusieurs Etats.

                   -        Avoir un grand nombre de locuteurs.

                   -        Bénéficier d’un statut privilégié dans certains Etats.

                  c)     Liste provisoire des langues interafricaines – Afrique occidentale

                   -        Fulfulde (Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Mali, Haute-volta, Niger, Nigeria, Cameroun, Bénin, etc.)

                   -        Hawsa (Niger, Nigeria, Soudan, Cameroun, etc.)

                   -        Kanuri (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun).

                   -        Mandingue ( Mali, Sénégal, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Gambie, Côte d’Ivoire, Haute-volta).

                   -        Songhaï – Zarma (Mali, Niger, Bénin).

                   -        Tamasheq (Mali, Niger, Algérie, Libye, Maroc).

                   -        Yoruba (Nigeria, Bénin, Togoº.

                   -        Wolof (Sénégal, Gambie).

                          Afrique centrale et orientale

                   -        Ewondo-fang (Gabon, Guinée Equatoriale, Cameroun).

                   -        Kikongo (Zaïre, Angola, Congo, Gabon).

                   -        Kinyarwanda et kirundi (Rwanda, Burundi).

                   -        Kiswahili (Tanzanie, Kenya, Zaïre, Ouganda, Mozambique, Malawi, Comores, Somalie, etc.).

                   -        Lingala (Zaïre, Congo).

                   -        Oromo (Ethiopie, Kenya, etc.).

                   -        Sango (Centrafrique, Tchad, Congo, Zaïre, etc.).

                   -        Somali (Somalie, Kenya, Ethiopie, Djibouti).

                          Afrique australe                 

                   -        Tswana-sotho (Botswana, Lesotho, Afrique du Sud).

                   -        Nguni-xhosa-zulu-swati-ndebele ( Afrique du Sud, Swaziland, Zimbabwe).

                   -        Shona (Zimbabwe, Mozambique).

                  B. Les groupes et sous groupes de langues

                  1.       Définition: Ce sont des langues appartenant à un même espace linguistique et culturel et généralement non apparentées aux langues interafricaines ci-dessus mentionnées. Il convient donc de résoudre leur problèmes communs (recherches linguistiques, traditions orales, promotion) dans le cadre des classifications linguistiques provisoirement établies.

                  2.       Liste provisoire

                        i)     Les langues “ouest atlantiques” (Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Sierra Leone).

                        ii)    Les langues “krou” (Libéria, Côte d’Ivoire).

                        iii)   Les langues”voltaïques” (Mali, Haute-volta, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Niger).

                        iv)    Les langues “sénoufo” (Côte d’Ivoire, Mali, Haute-volta).

                        v)     Les langues “kwa” (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigéria).

                        vi)    Les langues “bantu” (Cameroun, Angola, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Kenya, etc.).

         14.     Cadres institutionnels

                  a)      Au niveau national

                          Centres de Recherches Linguistiques, de Traditions orales, Directions ou Commissions Nationales, Commission Inter Étatique, etc.

                  b)      Au niveau régional et sous régional

                          Centres régionaux et sous régionaux tels que le Celhto, le Cerdotola, et autres centres à créer.

IV - RECOMMENDATIONS

15.     Il faut reconnaître que la plupart des Etats n’ont pas encore défini leur politique linguistique, ce qui constitue un frein à la coordination des efforts pour le développement de toutes les langues nationales au niveau de leur sous région. En conséquence, il serait nécessaire que ces Etats confient à des institutions compétentes existantes ou à créer la tâche de les aider à définir cette politique linguistique.

16.     Ainsi, pour veiller à la mise en œuvre de ces propositions, nous recommandons aux Etats africains et à l’Unesco :

         a)      de constituer, dans chaque aire linguistique, un comité de coordination regroupant des représentants des institutions nationales de recherche, qui veillera à ce que l’on adopte, pour toutes les langues à transcrire, une graphie conforme aux symboles retenus pour les langues du même espace culturel.

         b)      d’organiser périodiquement, à l’échelle de chaque aire linguistique, des séminaires, stages, voyages d’études en vue de la formation scientifique et technique du personnel chargé de la mise en œuvre de programmes en langues africaines : enseignants, chercheurs, professionnels de la communication, personnel technique, etc.;

         c)      d’élargir la coopération interdisciplinaire à l’échelle de l’aire linguistique ;

         d)      de veiller à la bonne application de la codification retenue dans les textes élaborés par les différents organismes concernés ;

         e)      de favoriser l’harmonisation de l’utilisation des langues africaines dans tous les domaines de l’information: radio, presse, cinéma, télévision ;

         f)       de recueillir et de faire circuler l’information sur tous les travaux en cours sur les langues africaines ;

         g)      de consulter d’urgence les professionnels de l’industrie graphique pour mettre au point un clavier standard reproduisant les symboles de l’alphabet africain ;

         h)      d’élaborer et de diffuser un ouvrage de référence qui rassemble les travaux les plus pertinents en matière de transcription et d’harmonisation des langues africaines et d’en faire un guide pratique à l’usage des pays, des institutions et des chercheurs intéressés ;

         i)        d’encourager toute initiative de recherche systématique pour contribuer, grâce à l’analyse et à la classification des langues africaines, à élucider l’histoire des peuples d’Afrique et à déterminer leur parenté.


Nos rémerciements à Mme. Danielle Bouhajeb, Responsable du Cifdi au Centre de documentation et d'information de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie, pour nous fournir une copie de ce document. Merci aussi à Kabirou Amusa pour le saisir, Mise en page par DZO.

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